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Survol de Buck Danny (Partie 3)

Francis Bergèse dédicace un Buck Danny

Après la mort d’Hubinon, Charlier se met en quête d’un nouveau compère. Si Daniel Chauvin, assistant de Jijé sur les Tanguy et Laverdure, semble de prime abord bien placé, c’est finalement Francis Bergèse qui décroche le poste. Ce dernier est alors inconnu dans le monde de la bande dessinée... mais pas de l’aviation ! Après quelques années dans l’aviation légère de l’armée de terre, il est devenu journaliste, collaborant à Aviation Magazine et à Aviation et pilote privé, avant d’entrer au Fana de l’aviation, dont il deviendra rédacteur en chef. En parallèle, il a poursuit une carrière d’illustrateur aéronautique, réalisant entre autres les dessins des boites de maquette d’avion de la marque Heller, et les couvertures du Fana de l’aviation. C’est par l’illustration qu’il entre dans le cercle restreint des collaborateurs à Buck Danny. Au début des années 80, l’éditeur Dupuis recherche en effet un spécialiste du dessin aéronautique pour réaliser les couvertures des intégrales Tout Buck Danny. Bluffé par ses réalisations, Charlier lui propose de faire quelques essais pour le dessin de la série. Bergèse s’était essayé - sans succès - à la BD à la fin des années 60. Pourtant, la formule semble convenir, et il devient ainsi le deuxième dessinateur de Buck Danny.

Avec lui, Charlier réalisera quatre albums, sans doute parmi ses meilleurs toutes séries confondues. La trilogie nucléaire (Mission Apocalypse, Les pilotes de l’enfer, Le feu du ciel) est un véritable conte, plein de rebondissements : Buck Danny est mis en échec dans Mission Apocalypse par son ennemie jurée Lady X, qui en plus de lui avoir dérobé deux F-14 Tomcat flambant neufs, s’est emparée de bombes atomiques. Menant enquête dans les Caraïbes, il découvre que cette dernière ne compte pas les livrer aux Russes comme elle le menace, mais plutôt s’en servir pour bombarder Cancun, où se sont réunis les chefs d’Etat occidentaux...

Buck Danny, Sonny Tuckson, Jerry Tumbler

Les agresseurs, dernière collaboration de Charlier et Bergèse figure parmi les meilleures histoires d’espionnage imaginées par le scénariste : il y met en scène un faux transfuge soviétique, chargé de percer les secrets des avions furtifs américains, et traite de manière sous-jacente de la fraternité entre aviateurs ennemis par devoir, et frères d’armes par amitié. Mais en 1989, alors qu’il écrit le scénario du 45e album, la maladie l’emporte. Les oiseaux noirs restera inachevé, et les 16 planches dessinées sur les 23 écrites ne seront publiées qu’en 1998.

Il faut alors quatre ans pour que la série redémarre, avec Jacques de Douhet à la plume. Mais si Les secrets de la Mer Noire mêle aventure, combats aériens et géopolitique, dans la lignée des scénarii de Charlier, la trame de l’histoire demeure alambiquée, et cette dernière vaine. Bergèse continuera donc seul. Cela n’est pas sans soulever des questions. En effet, Bergèse, si brillant qu’il soit au dessin, peut-il assumer l’écriture scénaristique de la série. Avec L’escadrille fantôme, il prouve que oui. Horripilé par l’absence d’intervention de l’ONU dans le conflit bosniaque - il fait du colérique Sonny Tuckson son porte-parole, il imagine une escadrille secrète constituée dans le but de frapper les positions serbes autour de Sarajevo. C’est également le premier tome de Buck Danny à mettre en scène une femme pilote dans la Navy : la série évolue avec cette dernière. Cet album est suivi par un cycle abordant les liens entre les cartels de la drogue, les guérillas, et les gouvernements corrompus de l’Amérique Latine, qui connaît moins de succès. Les deux derniers épisodes sont ensuite des réussites... éditoriales sans être devenus des Buck Danny incontournables. Un 51e épisode, Mystère en Antarctique est paru en juin 2005.

D’année en année, Buck Danny a su renouveler son public, et continue de susciter des vocations auprès de ses lecteurs. La volonté de Charlier et de ses successeurs d’adosser la fiction à la réalité technique et géopolitique y est sans doute pour beaucoup. Parions donc sur de nouveaux albums passionnants.

Le F-18 de Sonny et de son ailier

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NB : Cet article a fait l’objet d’une publication par le même auteur dans Artélio