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Survol de Buck Danny (Partie 2)

Les trois aviateurs officient maintenant en Chine, au sein des « Tigres Volants ». Cette période certes propice aux récits de guerre n’est pas exploitable à l’infini, et en 1949, après 6 épisodes, le scénariste décide de mettre un terme au conflit mondial, et démobilise ses personnages. Ces aventures ne manqueront toutefois pas de faire polémique par la suite. En effet, dans la lignée du dédain accordé aux perdants et de la condamnation unanime de leurs exactions, Charlier y a qualifié l’ennemi de « jaune », de « face de citron », ou de « singe ». Une polémique qui fera renoncer le scénariste à une série parallèle, La jeunesse de Buck Danny, qu’il développait pourtant pour ses séries, comme Blueberry.

Mais les auteurs sous-estiment encore le prestige qu’apporte l’uniforme à leur héros. Submergés par un flot incessant de lettres de lecteurs - chose à laquelle un éditeur est rarement insensible, ils réintègrent Buck Danny et ses ailiers à l’armée de l’air américaine après un cycle d’aventures de barbouzes. Cela tombe d’autant mieux que l’US Air Force touche ses premiers avions à réactions, et que la guerre de Corée est sur le point d’éclater. Mais contrairement à la Seconde Guerre Mondiale, cette dernière est un sujet politiquement sensible. Ainsi, les deux épisodes en traitant seront interdits en France pendant quelques années par une commission chargée de contrôler les publications destinées à la jeunesse. Charlier retiendra la leçon, et jusque dans les années 1990, il ne sera plus question de citer nommément un pays dans un conflit.

Buck Danny contre Lady X

Buck Danny s’ennuie alors sur quelques aventures, qui ne sont pas ses meilleures. Le scénariste décide alors de lui trouver un ennemi héréditaire. Ce sera Lady X, l’aviatrice passée dans le camp adverse, non pas le bloc soviétique, sujet tabou, mais celui des espions et des trafiquants. Ce personnage n’est d’ailleurs pas entièrement fictif. Il est très largement inspirée de l’allemande Hanna Reitsch, pilote d’essai, détentrice de plusieurs records du monde et Flugkapitän de la Luftwaffe pendant la seconde guerre mondiale. Charlier possède tout de même ce don merveilleux de mêler habillement actualité aéronautique et politique, et fiction. Ses scénarios traitent de grands sujets aussi divers que variés, comme les essais de missiles intercontinentaux, la piraterie dans l’Asie du sud-est, les nouvelles générations d’avion de combat, ou les premiers pas balbutiants de la conquête du cosmos. Non, Buck Danny n’ira pas dans l’espace. Pourquoi ? Parce qu’il ne se passe rien dans une capsule spatiale. L’intelligence d’un scénariste consiste aussi à ne pas céder aux effets de mode au détriment de la consistance d’un récit.

Quand éclate la guerre du Vietnam, la question d’y faire participer ses héros hante l’auteur. Pourtant, cela est d’autant plus difficile que la France y a été mêlée quelques années plus tôt. Lui vient alors une idée de génie : expédier ses aviateurs au Viet-Tan, pays fictif ou vient d’éclater un conflit... S’en donnant à cœur joie, il écrit ce qui restera sans doute comme l’une des meilleures aventures de Buck Danny, sur les épisodes 26 à 28. Cette astuce scénaristique permet à l’aviateur de renouer avec les missions de guerre, celles qui passionnent le lectorat de la série. Ainsi apparaissent une multitude de pays ou de sultanats fictifs, en Amérique du Sud, ou en Asie du sud-est, agités par des guerres civiles ou contrôlés par des narcotrafiquants. La collaboration de Jean-Michel Charlier et de Victor Hubinon est ainsi fort prolixe, et le succès de Buck Danny se poursuit sans interruption sur 40 albums. Quand le dessinateur décède en 1979, elle figure déjà au rang des classiques de la bande dessinée franco-belge.

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Les Tigres Volants à la rescousse


NB : Cet article a fait l’objet d’une publication par le même auteur dans Artélio