Ce n'est pas parce que d'autres font des approximations et des incohérences qu'on doit continuer à en faire...! Et ce n'est pas parce que "ce n'est que de la BD" qu'il faut faire ça "par-dessous la jambe". La BD est un médium certes de loisir, en apparence léger, mais il y a un moment où, quand on le fait, il faut le faire sérieusement et rigoureusement, et avec du métier (car c'est un métier, avec ses règles, ses codes, son apprentissage, l'expérience, un talent nécessaire à la base, etc). La BD est même un médium moqué par pas mal de monde : ben oui, si les auteurs font dans le trop léger, fatalement beaucoup de gens vont s'en détourner parce que jugée peu sérieuse... Faut savoir ce qu'on veut.cocardes a écrit : ↑mardi 05 février 2019, 10:17 Intéressant tous ces post sur les incohérences, j'ai appris beaucoup de choses et JYB a vraiment un œil aiguisé. Adolescent je ne me posais pas toutes ces questions quand je lisais les aventures de mes deus héros. Mais bon ce n'est que de la bande dessinée, c'est de la fiction. Partout on trouve des approximations et des incohérences dans les séries policières du petit écran,
C'est le grave problème dans la BD en général : parce que d'autres ont fait ou font dans l'approximation, des jeunes dans le métier se croient autorisés à faire encore et toujours dans l'approximation. Surtout dans une reprise de grandes séries très célèbres, alors que là, au contraire, les auteurs-repreneurs devraient être très attentifs. Continuer à faire dans le léger parce qu'autrefois des histoires furent légères ou parce qu'au cinéma on voit aussi des choses légères et critiquables, c'est ce qu'on appelle tirer la qualité vers le bas. Pour tirer les séries vers le haut, il faut au contraire prendre pour références les meilleures histoires, et tenter de faire encore mieux. C'est la condition sine qua non.
Ceci est un détail bénin - surtout dans un film où les images passent vite. Ce que j'ai pointé comme défauts dans l'aventure polynésienne de Tanguy & Laverdure est plus profond et plus rédhibitoire : comment peut-on larguer une bombe atomique à partir d'un avion qui n'est pas fait pour ça ??? C'est quand même le fond de l'aventure et la raison de la présence de Tanguy et Laverdure en Polynésie - alors qu'en tant que pilotes de chasse de la base de Dijon, sur Mirage IIIE de la 2e Escadre de chasse, ils n'ont rien à faire là-bas !
Je rappelle quand même que c'est une série d'aviation militaire réputée documentée, aussi, pour une fois qu'il est question de l'arme nucléaire, thème central d'une longue histoire, Charlier aurait pu creuser davantage le sujet. En 1967, Charlier aurait pu par exemple transformer T &L en pilotes de Mirage IV. Là, ça collait parfaitement, et ceci nous ramène à la question de départ de cette discussion, quand Thierry disait regretter l'absence du Mirage IV dans le diptyque polynésien.
Ceci est une convention en BD. Les héros ne meurent et ne vieillissent jamais ou presque pas (sauf cas particuliers). Mais à partir de là, les histoires devraient être plausibles, elles, et pourraient être vécues par d'autres personnages plus jeunes que les héros bien connus qui, eux, sont emblématiques.
Si on part du principe que les histoires peuvent être abracadabrantes parce que c'est abracadabrant que les héros puissent vivre autant d'aventures sur une si longue période en ne vieillissant jamais, c'est ce que j'appelle se moquer du lecteur. C'est le principe de la série qui fait qu'on retrouve les mêmes héros d'une histoire à l'autre, pendant une longue période. Mais à part ça, une fois qu'on est entré dans l'histoire et que cette histoire passionne (si elle est passionnante), le lecteur oublie cette incohérence de l'âge réel du héros.
Car, ce qui compte (je ne le répéterai jamais assez, et comme on sait, je ne suis pas le premier à le dire), une bonne BD, c'est 1) une bonne histoire, 2) une bonne histoire et 3) une bonne histoire. Que les héros soient récurrents et "vieux", cela ne change rien au fond : les histoires doivent être bonnes (sous-entendu : solides et plausibles).