looping 54 a écrit :Je me suis permis d'imaginer une équipe ( JYB scénario, Mumuth, Booly et Romain pour les dessins et la colorition) enfin juste pour le fun quoi que....
. Longue vie aux Missions Kimono
Merci, et quant à votre proposition, il y a un tout petit hic : Francis Nicole, dessinateur attitré de Missions Kimono, ne sera peut-être pas d'accord...
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D'autant que - là, je suis plus sérieux - il y a une manifeste identification entre Francis et le personnage de Mittel, une sorte de projection dans ce personnage de fiction... Ce qui est normal et naturel d'ailleurs. J'ai rencontré des lecteurs qui "flashent" en quelque sorte sur le personnage de Mittel, à notre étonnement d'ailleurs ; Mittel semble avoir une personnalité propre et il va de soi qu'il est une combinaison de ce que j'imagine de lui et de ce que Francis ajoute de son côté via le dessin, via les dialogues ou via les scènes qu'il me propose ou me fait modifier en fonction de l'action. Ceci est d'ailleurs possible grâce à ma façon particulière de travailler : j'écris au coup par coup et j'envoie le scénario page après page, à mesure que Francis avance dans son dessin ; lorsqu'il reçoit une nouvelle page, on en discute, il lui arrive de changer ceci ou cela - d'autant qu'il a de bonnes idées -, m'en avertit et je peux écrire et modifier la prochaine page en fonction de ces éventuelles modifications ; c'est très risqué car cette façon de procéder m'empêche de savoir précisément où je vais - il ne faudrait pas que je tombe dans une impasse, d'autant que tout doit rester logique et plausible... ; a contrario, la plupart des scénaristes envoient leur scénario entier, d'un bloc, à leurs dessinateurs. Bref, un autre dessinateur à la place de Francis ferait immanquablement "tomber" le personnage de Mittel, ce serait autre chose, un autre état d'esprit - pour ne parler que de cet aspect du problème.
Réaliser une BD - la dessiner comme la scénariser - procède d'une implication, d'une appropriation de la part des auteurs plus puissantes qu'il n'y paraît. Du coup, il est difficile de poursuivre une série avec un changement de dessinateur ou de scénariste en cours de route, sans conséquences d'une manière ou d'une autre, sur un plan ou sur un autre. L'exemple le plus frappant est la série Tanguy et Laverdure, avec plusieurs remplacements successifs de dessinateurs, et avec l'arrivée d'un nouveau scénariste après le décès de Jean-Michel Charlier. L'impact visuel de la BD, changeant d'un dessinateur à l'autre, n'est qu'un des aspects à prendre en considération. Voyez par exemple le changement de ton et d'esprit de la série T&L après l'arrivée de Joseph Gillain prenant la succession d'Albert Uderzo.
Enfin, bref, ces réflexions à moitié métaphysiques ne sont pas de mon ressort, mais il y a peut-être une thèse à soutenir sur les liens invisibles entre les auteurs d'une BD et leur(s) personnage(s) de papier...