Lefranc, tome 33 : Le scandale Arès

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vautour2b
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Re: Lefranc, tome 33 : Le scandale Arès

Message par vautour2b »

Bravo :pouce: ! J'avais fait des recherches - notamment du coté des avions de courses ou de records d'avant guerre - mais sans arriver à trouver!
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Deltafan
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Re: Lefranc, tome 33 : Le scandale Arès

Message par Deltafan »

Enfin fini !

vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 Après beaucoup d'hésitation je me suis procuré "Le scandale Arès". L'intrigue m'a intéressé, notamment la partie enquête avec Lefranc, Marlène, leurs amis & ailiers... mais l'avion et ses exploits 'anti-chars' ont confirmé les mauvaises impressions sur le plan aéronautique que m'avais laissé le premier feuilletage de album...
Fondamentalement, sur un plan purement réaliste et historique, je suis d'accord avec toi. Cependant, s'agissant de la première bande dessinée de l'histoire représentant un avion Payen, et de la nature, volontairement pas toujours réaliste de la série de bandes dessinées ici considérée, je vais me faire l'avocat des auteurs et utiliser toutes les "failles" (aussi ténues soient-elles) de ton argumentation pour minimiser autant que faire se peut, ce jugement, également grâce aux "non-dits" de cette histoire et à des comparaisons avec d'autres bandes dessinées relevant du même niveau de "réalisme" (je répéterai également quelques remarques précédentes). :wink:

C'est parti !
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03
Deltafan a écrit : vendredi 03 juin 2022, 1:14 Une interview des auteurs sur Alix Mag' Canal blog
http://alixmag.canalblog.com/archives/2 ... 94688.html
S'agissant du dernier album, par rapport à certaines de mes interrogations, j'ai plus particulièrement été intéressé par ce passage :
Régric, quelles ont été vos sources d'inspirations pour créer l'Arès?
Régric: Je me suis inspiré du Payen 22 créé avant guerre par l'avionneur Nicolas Roland Payen. J'ai choisi cet avion pour sa forme originale et pour l'époque qui coïncidait avec celle du récit. L'Arès est néanmoins un chasseur plus grand et surtout armé.
Avion plus grand ==> plus grand moteur et meilleure intégration d'un armement lourd ==> plus grande performances ==> plus grande conformité avec les capacités du TJ Arès dans le scénario.
Pas d'accord !...
Sur ce coup-là, je dis, surtout, que, avec une taille plus grande, les actions de l'avion montrées dans cet album sont MOINS IRREALISTES que s'il ne s'était agi que d'un simple Pa.22. Ce qui me paraît difficilement attaquable. Mais je préciserai dans la suite.
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 à la limite, je trouve le "Stratonef H.22" d'Hergé - imaginé à une époque où internet n'existait pas - moins farfelu que l''Arès' de Régric - qui ne c'est vraiment pas foulé pour militariser et 'muscler' le Payen... surtout quand ont compare avec la rigueur de Francis Bergèse sur les imaginaires "Spur" et "Renkell" du 'Biggles', "Le cygne jaune"... ou même celle de Frank Robbins avec le fantaisiste chasseur japonais du "Johnny Hazard" de 1944/1945.
-Le Pa.22/2 est un avion qui a existé dans la réalité. Un Pa.22/2 (en tant que tel) agrandi n'est donc pas farfelu. Bon, OK, s'agissant de ses capacités dans l'album, dans la réalité, même un Pa.22/2 agrandi aurait eu énormément de mal à réaliser les exploits du TJ Arès. Mais, là aussi, j'y reviendrai plus loin.
-Le stratonef H22 ( https://www.amc94.fr/projet-club-constr ... oneff-h22/ ), inspiré des avions "classiques" de son époque, est de forme assez réaliste, effectivement (plus haut, j'ai montré certaines similitudes avec le Northrop Gamma 2 G https://www.thisdayinaviation.com/tag/n ... -gamma-2g/ et les premiers Gee Bee https://fr.wikipedia.org/wiki/Gee_Bee_R-1 , mais d'autres y ont vu une ressemblance avec des Caudron de course de cette époque https://www.amc94.fr/projet-club-constr ... oneff-h22/ ).
Mais dès qu'il s'agit de faire Paris - New-york à une moyenne supérieure à 1000 km/h (ce qu'est censé faire le H22), sur le plan du réalisme pur, j'ai comme un doute... L'avion possède un moteur à explosion et des hélices. Si mes souvenirs sont bons, lors de la dernière tentative de battre le record du monde de vitesse pour ce type d'appareil, la vitesse maximale atteinte par l'avion (P-51 modifié à moteur Merlin amélioré et autrement plus aérodynamique que le H22) lors du plus rapide passage a été 895 km/h. Sans parler du carburant nécessaire pour voler à cette vitesse sur cette distance...
Maintenant, on est d'accord qu'au début des années 30, les connaissances publiques en aérodynamique n'étaient pas celles disponibles aujourd'hui avec internet. Toutefois, il devait être connu que l'appareil le plus rapide de l'époque (Macchi-Castoldi MC-72 https://fr.wikipedia.org/wiki/Macchi_M.C.72) avait un doublet d'hélices contrarotatives et les premiers projets Payen existaient cependant déjà et apparaissaient non seulement dans les médias d'information de l'époque https://www.youtube.com/watch?v=gIF_SmwwWlE , mais également en héros de romans de l'autre côté de l'Atlantique américains https://www.ebay.com/itm/362073199806
-Francis Bergèse n'a pas dû faire beaucoup d'effort de rigueur s'agissant du Spur, dans la mesure où c'est une version biplace à peine modifiée du De Havilland Hornet... https://biggles.fandom.com/wiki/Spur
-Un peu plus d'effort avec le Renkell Wolf. On se rend toutefois compte, qu'en inversant bord d'attaque et bord de fuite du Heinkel 219, on a les ailes du Renkell. Ensuite un fuselage "classique" à l'avant et le remplacement de la double dérive par une simple, et le tour est joué.
https://static.wikia.nocookie.net/biggl ... 0911100148
https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinkel_He_219
-j'ai déjà parlé du chasseur japonais (dans Johnny Hazard, dérivé de l'avion fictif Suzukaze 20 Omar), qui aurait eu du mal à alimenter ses deux moteurs en étoile en air avec sa minuscule entrée d'air.
https://i.goopics.net/800/wdfs24.jpg
https://fantastic-plastic.com/suzukaze- ... talog.html
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 J'aurais encore accepté les exagérations des attaques des colonnes de chars(1) si les auteurs avais au moins donné à leur 'Arès' les caractéristiques physiques d'un bon avion anti-char de la ww2... c'est qui n'est pas le cas.
Le pire étant les petites pétoires - censées êtres des armes 'anti-char' - installées sous les ailes... Quand ont songe à la taille des gondoles-canons des Hawker Hurricane IID, Junkers Ju 87 G et Iliouchine Il-2 Type 3M, ont mesure le grotesque de la chose ! :mdr:
C'est là que ma défense va être la plus difficile... :? Je tente quand même 8)
L'un des "avantages" du scénario, c'est que les auteurs ne fournissent aucune indication sur l'armement. Donc, on ne connaît pas son calibre... Ce qui permet toutes les (ou en tout cas un minimum) d'hypothèses...
Si on se réfère au projet Payen "armé", le plus proche du Pa.22/2 et du TJ Arès, c'est à dire le Payen Pa.110/112 C1, il était censé disposer d'un canon dans l'axe de l'hélice. Ce qui n'est pas le cas du TJ Arès, sa casserole d'hélices étant pleine. Il était également censé disposer de "logements/gondoles" de mitrailleuses, un/e dans chaque aile. A l'époque, le calibre des mitrailleuses d'ailes françaises était le 7,5 mm.
Mais, comme dit les auteurs ne donnent aucune indication de calibre et le TJ Arès est plus grand que le Pa.22/2 (et donc que le Pa.110/112 C1). Si on part du postulat que les établissements Tessier construisent eux-mêmes l'avion et son moteur (page 33 de l'album) et fabriquaient également des machines-outils, qu'est-ce qui empêcherait qu'ils fabriquaient eux-mêmes les canons et ou mitrailleuses de leurs avions et même les cartouches et projectiles de ces armes ? On peut alors imaginer un calibre supérieur au 7,5mm
Le Hurricane IID disposait d'une gondole de 40mm dans chaque aile. Pour le Ju-87 G et l'Il-2 3M, c'était du 37 mm. Et, effectivement, ces gondoles étaient autrement plus volumineuses que celle du TJ Arès.
Toutefois, si mes souvenirs de lecture sont bons, en France, à la fin de la campagne de France, les MS 406 (tous restés en métropole car n'ayant pas une autonomie suffisante pour traverser la Méditerranée) utilisaient des projectiles spécifiques anti-chars de 20 mm pour l'attaque des chars allemands.
Mais, même en adoptant l'hypothèse que des gondoles pour un calibre de 7,5 à 20 mm puissent être contenues dans celles qu'utilisent le TJ Arès, comment faire pour leur permettre d'avoir l'efficacité de gondoles de 37-40 mm ?
C'est là que je fais appel à la "licence artistique" :mrgreen: . En effet, un avion comme l'Espadon de Blake et Mortimer (surtout de Mortimer d'ailleurs) évolue dans une histoire immédiatement post-2ème guerre mondiale, sans que qui que ce soit ne s'étonne de ses performances ou de son armement, alors que cet appareil est complétement irréaliste, même aujourd'hui (je ne parle même pas du temps pour le construire, quand on voit aujourd'hui le temps qu'il faut pour mettre au point ce qui s'en rapprocherait le plus (et encore de très loin) sur le plan des capacités, à savoir le SR-71 ou le F-22.
On pourra m'opposer qu'on est plus là dans la science-fiction que dans la réalité. Effectivement. Mais pourquoi ne pas introduire une part de science fiction dans l'histoire du TJ Arès ? Tessier (et ou Juillet) étant le Mortimer de l'histoire, capable de sublimer les armes et munitions du TJ Arès comme Mortimer l'a fait pour l'Espadon ? Ce n'est qu'une question de curseur intellectuel. Mais j'y reviendrai, notamment en fin de post.
Par ailleurs, de lointaines lectures, il me semble que, dans une aventure d'Alix (peut-être L'île du diable, les spécialistes corrigeront), on trouve des missiles (ou des roquettes) 2000 ans avant leur véritable utilisation historique...
Et si on cherche la science-fiction chez Lefranc, à mon avis, il y a bien plus "étonnant" que les capacités survitaminées d'un canon antichar...
https://www.casterman.com/Bande-dessine ... 2203045187
https://www.casterman.com/Bande-dessine ... 2203314108
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 Quand à la soi-disant vélocité de l'engin, c'est pas avec une moteur en ligne à un seule rangée de cylindre, une hélice bipale et un train fixe, que l'Arès aurait pu faire de l'ombre au Dewoitine D.520 (et encore moins au Mig-15).
Encore compliqué pour moi (d'autant plus que je suis en partie d'accord avec toi), mais moins que pour le cas précédent :wink:
Pour le moteur en ligne à une seule rangée de cylindres, le TJ Arès est plus grand que le Pa.22/2 (et il a des entrées d'air moteur beaucoup plus importantes). Je ne vois pas pourquoi il conserverait le 6 cylindres Régnier en ligne ? A mon avis, pour au moins s'approcher (ou en tout cas en être moins éloigné) des performances du TJ Arès, il est possible d'envisager, dans un premier temps, un moteur Tessier au moins équivalent au meilleur moteur de l'époque, le Merlin. Et si on lui met une cylindrée HS 12 Y/Z, on peut même imaginer un Tessier de la classe du Griffon ("un peu" boosté si on ajoute un "contexte science fiction"...) . Par ailleurs, on se rappellera que l'hydravion de course Supermarine S6B avait une hélice bipale (comme le Spitfire Mark 1) et atteignait 655 km/h en 1931 avec deux énormes flotteurs et leurs raccords, certainement beaucoup plus problématiques sur le plan aérodynamique qu'un train fixe d'avion terrestre... https://fr.wikipedia.org/wiki/Supermarine_S.6B
Dans ce contexte, on peut imaginer, avec un moteur Tessier de 1940 comme précédemment imaginé, au moins certaines performances supérieures au D-520.
Ceci dit, dans une interview ( https://www.ligneclaire.info/regric-263094.html ), Regric reconnaît
Alors qui a inventé le prototype de l’Arès, lui, vous deux ?

Martin n’avait laissé aucune indication sur le modèle. Roger non plus donc j’ai fait des recherches sur des avions un peu bizarres, originaux. Il y en a beaucoup qui ont existé ou pas, pour des jeux vidéo. Je suis tombé sur le Payen 100, le 49 est au Musée de l’air. J’ai tranché, modifié car il était plus petit, allongé et le résultat est cet avion de chasse, le Arès.

Sans train rétractable. Vous-vous parlez avec Seiter sur les dessins, les planches ?

J’aurais pu c’est vrai pour le train, j’y ai pensé après. Pour le choix de l’ avion on s’est mis d’accord. Ensuite j’envoie des pages crayonnées et encrées. Il se fait son album pour voir le rendu, se relire. Cela fonctionne bien à chaque fois.
C'est vrai que c'est quand même dommage... :|

Pour le MiG-15, j'y reviendrai plus loin.


vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 Au sujet du D.520, les auteurs font aussi dire n'importe quoi au constructeur de l'Arès, quand il le compare défavorablement à son avion dans le scène de l'interrogatoire au château : la technique aéronautique de l'époque (Fin des années 30-début 40) ne permettait pas un avions polyvalent aussi performant qu'un avion spécialisé. Le Dewoitine D.520, son cahier des charges ne lui a jamais demandé des capacités d'attaque au sol, il était optimisé pour la chasse et l'interception, avec un moteur à compresseur 'haute-altitude' qui donnait ses meilleur performances à haute et moyenne altitude, mais beaucoup moins à basse altitude - idem pour les Spitfire, Bf-109, P-51B et P-51D. A l'inverse les P-39, P-40 et P-51A, dotés de compresseurs 'basse-altitude', étaient plutôt véloces au ras du sol mais à la peine en altitude.
Il dit : "jamais deux Dewoitine n'auraient pu totalement détruire un régiment de chars". Je ne suis pas convaincu que ça contredit ce que tu écris-là.
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 "Le scandale Arès", une bonne histoire policière, mais une médiocre bd aéronautique...
Sur le plan d'un aspect technique totalement réaliste, effectivement. Mais chaque individu a sa propre grille de lecture. Plusieurs intervenants sur le site des BD de Jacques Martin, ou sur celui de BD Gest (même si là, plus de personnes ont été proches de ton avis) n'ont pas les mêmes connaissances que toi sur le sujet et/ou ne sont pas nécessairement le plus intéressés par cet aspect là, dans un univers de fiction où le réalisme technique n'est pas nécessairement le moteur principal de l'histoire et de ceux qui la lisent (L'apocalypse, Mission Antarctique, ...). On en revient toujours au même : des goûts et des couleurs...
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 dommage, surtout qu'il aurais eu moyen de faire un avion anti-char uchronique vraisemblable à partir des Payen d'avant-guerre... par ex, en greffant sur une version agrandie et à trains rentrants du Pa.22/2 (ou du Pa.100) un ensemble moteur-canon inspiré du Yakovlev Yak-9T, mais avec un Hispano-Suiza 12 Y 51, équipé d'un compresseur 'basse-altitude' (comme l'hydravion de chasse HD.780) et d'un canon antichar SA-L modèle 1934 de 25mm, modifié (uchronie) avec un système de tir automatique alimenté par chargeur(plus simple à réaliser) ou par bande(plus compliqué).
Même si, comme précédemment dit, ce n'est pas nécessairement cet aspect qui interpellera la majorité des lecteurs, personnellement, je ne peux qu'être d'accord. Le Pa.22/2 était un avion de tourisme, le Pa.100 était un avion de course, et c'est de sa carlingue accidentée que sera développé ce qui sera la maquette 1/1 du chasseur Pa.112. Pour le moteur, j'ai déjà répondu plus haut, mais ton TJ Arès "façon vautour2b" aurait eu une bonne bouille :pouce:
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 (1) Pour réaliser un tel massacre dés la première passe contre des Panzer III (1940) et surtout des T-34 (1956) il aurait fallu à Guillaume Tessier un Fairchild A-10... et aussi des tonnes de napalms pour espérer arriver à exterminer 99% des équipages !
Là, deux remarques : en page 4, le texte dit : "les passages se suivent", donc il y a visiblement eu plus qu'une passe pour chaque avion. Surtout qu'en page 5 le texte ajoute : "en quelques minutes, Karl von Lieds a perdu tous ses chars et probablement la totalité de ses hommes."

Par ailleurs, en page 44, Tessier indique : "Durant toutes ces années, j'ai continué à travailler sur l'Arès et je l'ai pas mal amélioré...". On peut donc imaginer que, quelles qu'elles aient été, ces améliorations ont permis de rééditer "l''exploit" de 1940. Bon, il faut déjà partir de mon postulat sur l'armement et la motorisation de 1940 encore plus "boostés" en 1956 "grâce "à un contexte SF" (ce qui ne sera visiblement pas ton cas :wink: )

Sinon, on ne sait pas vraiment comment le TJ Arés amélioré échappe aux MiG-15. Il n'est dit nulle part qu'il les a abattus. L'a-t-il joué comme les biplans Polikarpov Po.2 qui échappaient aux jets américains pendant la guerre de Corée ? Oui, je sais, vu sa configuration, il paraît plus que difficile à un "avion dérivé plus grand du Pa.22/2" de réussir ça (surtout quand on voit le "ça" en fin de planche 47), mais, toujours pareil : c'est un "TJ Arès, qui existe et évolue dans un contexte de fiction, parfois proche de la science fiction" et peut donc disposer de capacités inusitées dans notre réalité.
En ce qui me concerne j'imagine basiquement qu'il a réussi à échapper à l'attaque initiale des MiG et que ceux-ci, à court de carburant, ont dû quitter la zone, laissant la possibilité au TJ Arès de retourner à son abri 8)



Maintenant, si on repart du point de vue d'un appareil plus réaliste dans un univers totalement réaliste, pour approcher ton point de vue, personnellement, j'aurais modifié l'appareil et/ou l'histoire, toujours avec un Payen ou dérivé et la technologie potentielle (donc ici : uchronique) de 1940, de la façon suivante :

-Un Payen de course ou combat, avec train rétractable et des hélices contrarotatives, voire carrément un réacteur, ou un moto-réacteur. S'agissant d'un réacteur, en 1940, c'est juste, sauf à financer mieux que ça n'a été fait les projets précédents ou, mieux, poursuivre le développement du moto-réacteur Coanda de 1910, ce qui, au passage est évoqué dans une la BD Omega, de la série Jour J : Image

-Si moteur à explosion, un moteur existant de plus de 1000 ch, genre Merlin 1940 pour un moteur en ligne
. Et si on s'oriente vers une uchronie, un moteur en ligne de 2500 ch, façon Griffon de 1945.

-un combat contre des avions, et non contre des chars, pour éviter le problème de l'armement et profiter de la vitesse supérieure. Avec sa configuration delta, l'appareil aurait quand même eu des problèmes de maniabilité et il aurait peut-être fallu plusieurs attaques séparées plutôt qu'une sur une grande unité. Pour moi, l'appareil idéal : RP-420
Payen RP-420 Citrus90 small.jpg
-Si combat quand même contre des chars, un appareil mieux adapté en taille, comme le chasseur bombardier, mais en évitant de faire des passes en longueur sur une même colonne (ce qui a perdu les équipages de Breguet 693), mais de flanc sur plusieurs colonnes. Le choix du moteur étant libre, je vote pour le chasseur bombardier Pa.310 CB, équipé du moteur britannique Fairey P.24 Monarch, fiable et déjà équipé avec des hélices contrarotatives :
https://oldmachinepress.com/2017/10/20/ ... ft-engine/
Payen Pa.310 CB.jpg
-Au-delà, toujours si on reprend le principe de la poursuite du programme de moto-réacteur Coanda, on peut carrément envisager des dérivés à réaction (et non pas leur système à trompe qui s'est avéré avoir un rendement trop faible dans la réalité) des Pa.100 R ("biréacteur") ou Pa.22/1 R ("mono-réacteur").
Payen Pa.100 R.JPG
Image



Mais bon, en conclusion :

1/oui, donc, l'avion tel que décrit dans la BD paraît peu réaliste par rapport à notre réalité.
2/Mais, si on utilise toutes les informations et tous les non-dits du scénario, on peut utiliser tous les moyens techniques effectivement réalisés à l'époque et en appliquer un certain nombre à cet appareil dont notamment un moteur 12 cylindres de plus de 1000 ch (genre Merlin de début de 2GM) et des munitions plus performantes que celles la mitrailleuse française de 7,5 mm qui équipait les avions français de l'époque.
3/Si, en plus, on lui applique un traitement "uchronique", on peut carrément arriver à un moteur de 2500 ch (genre Griffon de fin de 2GM) et envisager des munitions encore mieux adaptées à la lutte antichar.
4/Si, enfin, on lui applique un traitement "SF", il peut alors posséder l'armement qui lui permet de réaliser ses exploits contre les chars.

Or, cette série est parfois très orientée SF. Dans certaines parties de cet album, elle ne demande pas à être lue sous un angle "stricte réalité" (option 1), ou même "réalité optimisée" (option 2), ni même "uchronie" (option 3), mais sous un angle SF (option 4). Quiconque la lit en venant y chercher l'option 1 et uniquement elle, ne pourra donc qu'être déçu. Et c'est normal. Mais ceux qui la lisent pour ce qu'elle est auront beaucoup plus de chances d'y trouver leur compte. Et si on regarde le classement de l'album dans les ventes des 4 premières semaines, il s'est bien vendu et a donc eu beaucoup plus de satisfaits que de déçus. Il est donc en adéquation avec le public qu'il ciblait.
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vautour2b
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Re: Lefranc, tome 33 : Le scandale Arès

Message par vautour2b »

Et bien c'est copieux comme réponse ! J'admire le sérieux de tes uchronies sur le Payen, bravo :pouce: ... et merci pour le lien sur le moteur Fairey P.24 Monarch, d'on j'ignorais tout :)

Entre toutes ces propositions, laquelle j'aurais choisi pour l'Arès ?... Je crois que j'aurais jeté mon dévolu sur le RP-420 mais avec des pincées de Bf-109, MB-157, A6M5 et La-5.
Pour améliorer la maniabilité j'aurais augmenté la surface alaire du delta en réduisant légèrement l'angle de flèche, étendu légèrement l'envergure du plan 'canard' et installé des becs automatiques - similaires à ceux du Bf-109 - sur les bords d'attaque du Delta et du 'canard'. Pour la motorisation, le Gnome-Rhône 14R-4 du Bloch MB-157 (en imaginant qu'il aurait été disponible plus tôt que dans la réalité - ou que "Tessier&fils" en aurait développer un équivalent), équipé d'un compresseur 'basse-altitude', de pipes d’échappement individuelles 'propulsives' - similaire à celles du Sakae 21('Zéro' Type 52 A6M5) - et d'une hélice Ratier à 'vitesse-constante' - dérivé de celle des premiers D.520. Pour l'armement, deux canons de 25mm antichar SA-L modèle 1934 à tir automatique, disposés sur le dessus du nez - à la manière du Lavotchkine La-5 - ou, plus ambitieux, trois canons (comme sur une parties des La-7), voir quatre (La-9), cela n'aurait malgré-tout pas suffit à le rendre capable de massacrer les chars à la chaîne comme dans la bd.


Pour en revenir à la bd, tes arguments pour défendre défendre l'avion uchronique du "scandale Arès" ne manque pas de pertinence, c'est le moins que l'on puisse dire... et l'on peut trouver que je me montre trop tatillon envers une histoire d'une série qui a, effectivement, beaucoup flirté avec la sf.... mais si je me montre aussi sévère avec les aspects aéronautique de cette aventure, c'est parce-que Seiter et Régric ont l'air de se prendre très aux sérieux sur cet aspect : quand ont met en doute la pertinence du choix du Dewoitine D.520 par l'armée de l'air de cette époque en faisant l'une des grandes causes de la défaite de 1940, ce n'est pas anodin, même dans une uchronie !.. Tout comme de faire aussi porter le chapeau au "Front Populaire" (c'est comme si E.P.Jacobs avait fait dire à Mortimer que la défaite face à l'empire de Basan Damdu était du au gouvernement de Clement Attlee qui avait préféré donner la priorité à l'English Electric Canberra plutôt qu'à son Espadon).
Si les auteurs étaient resté dans le vague, je n'aurais pas été aussi virulent.

Pour les avions inventés par Francis Bergèse, Hergé et Frank Robbins, je reste sur mes positions.
- Je savais que Bergèse n'était pas parti d'une feuille blanche et s'était inspiré des De Havilland Hornet et Heinkel 219, mais lui il les a modifié de manière crédible : je peut croire aux performances dont il crédite les Spur et Renkell, alors que pour l'Arès c'est au mieux 'forcé'... très 'forcé'!
- Le Stratonef H22 d'Hergé dans la réalité n'aurais jamais pu atteindre les performance d'on il est crédité et les moteurs du chasseur de Robbins aurait probablement grillé en moins d'une heure de vol, ont est bien d'accord mais Hergé comme Robbins ne disposaient à leurs époque que d'informations très limitées ... rien à voir avec la richesse de ce qui est disponible en 2020 sur les avions des années 30-40... époque qui a aussi l’avantage d'avoir un recul de plus de 80 ans sur l'histoire de la techniques et du développement des avions conçu avant la ww2.... et qu'est-ce qu'il en fait de cet avantage Regric ?..... Dans les années 1930 Hergé avait compris qu'une hélice tripales et un train escamotable pouvait être plus intéressant sur un avion rapide, qu'une hélice bipales et un train fixe ... Regric, lui en 2020... il zappe ! :clap:
Deltafan a écrit : dimanche 27 août 2023, 22:22(...)
Maintenant, on est d'accord qu'au début des années 30, les connaissances publiques en aérodynamique n'étaient pas celles disponibles aujourd'hui avec internet. Toutefois, il devait être connu que l'appareil le plus rapide de l'époque (Macchi-Castoldi MC-72 https://fr.wikipedia.org/wiki/Macchi_M.C.72) avait un doublet d'hélices contrarotatives
(...)
Dans les pages bonus de l'édition "Canal BD" de l'album, il y a une photo d'un Payen avec lui aussi un doublet d'hélices contrarotatives... J'imagine que Regric devait la connaitre... il ne s'en inspirera pas d'avantage.
Deltafan a écrit : dimanche 27 août 2023, 22:22
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 Au sujet du D.520, les auteurs font aussi dire n'importe quoi au constructeur de l'Arès, quand il le compare défavorablement à son avion dans le scène de l'interrogatoire au château : la technique aéronautique de l'époque (Fin des années 30-début 40) ne permettait pas un avions polyvalent aussi performant qu'un avion spécialisé. Le Dewoitine D.520, son cahier des charges ne lui a jamais demandé des capacités d'attaque au sol, il était optimisé pour la chasse et l'interception, avec un moteur à compresseur 'haute-altitude' qui donnait ses meilleur performances à haute et moyenne altitude, mais beaucoup moins à basse altitude - idem pour les Spitfire, Bf-109, P-51B et P-51D. A l'inverse les P-39, P-40 et P-51A, dotés de compresseurs 'basse-altitude', étaient plutôt véloces au ras du sol mais à la peine en altitude.
Il dit : "jamais deux Dewoitine n'auraient pu totalement détruire un régiment de chars". Je ne suis pas convaincu que ça contredit ce que tu écris-là.
J'avais mal exprimé ma pensé, j'aurais du écrire que les capacités attribué à L'Arès en faisait un avion d’assaut, concurrent - ou remplacent - du Breguet 693... et non pas d'un avion de chasse et l'interception comme le Dewoitine D.520.
Deltafan a écrit : dimanche 27 août 2023, 22:22
vautour2b a écrit : mardi 15 août 2023, 17:03 (1) Pour réaliser un tel massacre dés la première passe contre des Panzer III (1940) et surtout des T-34 (1956) il aurait fallu à Guillaume Tessier un Fairchild A-10... et aussi des tonnes de napalms pour espérer arriver à exterminer 99% des équipages !
Là, deux remarques : en page 4, le texte dit : "les passages se suivent", donc il y a visiblement eu plus qu'une passe pour chaque avion. Surtout qu'en page 5 le texte ajoute : "en quelques minutes, Karl von Lieds a perdu tous ses chars et probablement la totalité de ses hommes."
(...)
Je faisais à allusion à la troisième vignette de la page 4, où l'on peut compter 9 panzer III explosant, brûlant et fumant + deux 'hors-cadre', des la première passe des deux Arès... et, Page 47, 4 T-34 explosant et brûlant après l'unique passe du dernier Arès... Un tel 'carton' d’entrés de jeux ....Même avec le meilleur des avions anti-chars de la ww2, je considère ça comme mission impossible.... Pour moi seul un Fairchild A-10 aurait pu y parvenir.

Voila, c'est fini... ceci étant, malgré mes critique, je tien à préciser j'ai toujours l'album dans ma bibliothèque - alors que j'ai bazardé d'autres aventures de Lefranc - preuve que je continue à l'apprécier et lui trouver de l’intérêt :wink:
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