les avions de Jijé
j'ai retrouvé l'endroit où l'on parle déjà de Patrice Serres collaborateur de Jijé sur Tanguy et Laverdure : c'est dans Buck Danny, au dossier "Jean-Michel Charlier aurait eu 80 ans le 30 octobre 2004". La discussion s'est déroulée à partir du 10 novembre 2004 environ, et à un moment je fais référence à l'article de BoDoÏ publiant une interview de Serres - en novembre 2004 donc, et non à l'automne 2005 comme je l'ai dit plus haut (le temps passe bien vite, je trouve...).
Petite question (dont je connais la réponse), histoire de s'amuser : dans la première planche de l'album de Jijé Mission spéciale, on voit des Mirage III. L'un d'eux, le 2-EJ, a, dans une image, son numéro de code inversé sur le fuselage (il est inversé comme si on le voyait dans un miroir) ; les numéros de code dans les autres images sont dans le bon sens, mais pas celui du Mirage dessiné dans la troisième vignette de la planche. Pourquoi...?
Ben non... D'autant qu'il n'est pas aisé d'inverser une seule image dans une planche, à moins d'un gros charcutage, et d'autant que l'affaire ne serait pas si grave au point de rendre illisible l'immatriculation de l'avion (si l'image n'était pas dans le bon sens de lecture, on aurait laissé courir ; ce n'est pas pour une image ; des images pas dans le bon sens de lecture - si ça avait été le motif ici -, on en a vu et on en verra d'autres dans les BD...).laurent a écrit :J'ai bon ?
C'est une raison au départ plus impérieuse qui a conduit à cette erreur de code inversé dans la troisième image... J'attends une autre proposition SVP et après je donne la réponse...
Bon, alors, allons-y pour l'explication, mais comme c'est un peu compliqué, prenez des notes...
Quand Jijé dessine cette planche, il oublie d'inscrire les codes sur le fuselage des avions. Le scénariste JM Charlier, en contrôlant la planche comme il faisait d'habitude, ne s'aperçoit de rien au départ. Ensuite, la planche est "flashée" par le photograveur (= procédé ancien : on la photographie pour en obtenir un film transparent, un positif au format de la page à paraître). A partir de ce film, on va fabriquer un "bleu", càd une épreuve cartonnée sur laquelle on va appliquer les couleurs. Puis les couleurs sont faites ; il n'y a plus qu'à envoyer le tout (le film N&B transparent + le bleu colorié) à l'imprimeur, pour imprimer les pages dans le journal (le magazine hebdomadaire Pilote). A noter que fabriquer ces épreuves indispensables coûte cher et qu'on ne s'amuse jamais à les refaire pour un oui ou pour un non...
Or, au moment du bouclage (dernière étape avant l'envoi à l'imprimeur), on s'aperçoit que les codes manquent (je suppose que le "on", c'est JM Charlier lui-même, qui était co-rédacteur en chef du journal et qui était de toute façon le seul, en tant que scénariste de la BD et connaisseur en la matière, à pouvoir remarquer ce défaut qu'il n'avait pas remarqué sur le dessin original fourni par Jijé). Donc, comme c'est trop tard, "on" demande au maquettiste, habilité à faire ce genre de choses, d'ajouter les codes en les inscrivant lui-même à l'encre sur les films transparents qui allaient partir à l'imprimerie (ça aussi c'était un procédé classique à la bonne époque des films transparents, quand il fallait faire à la dernière minute une correction importante). Or, pour ne pas effacer l'inscription accidentellement, d'un revers de la manche par exemple, il faut inscrire toute mention sur le VERSO du film, donc il faut retourner le film comme une crêpe. Le film étant à l'envers, les dessins reproduits dessus sont donc à l'envers. Mais pour que toute inscription qu'on ajoute sur le film soit lisible A L'ENDROIT une fois publiée dans le journal, il faut donc l'écrire INVERSEE (comme vue dans un miroir ; d'où la difficulté du boulot car il ne faut pas se tromper).
Le gars fait son travail... mais incomplètement, car dans la bagarre, il oublie d'inscrire le code sur le fuselage du Mirage dans la fameuse troisième image de la planche... "On" (= sans doute JMC) vérifie le boulot, et forcément, doit rappeler à l'ordre le maquettiste. Dans l'urgence, le maquettiste reprend donc le film et inscrit le code sur le Mirage de la troisième image.... Or dans la précipitation, le gars oublie cette fois de retourner le film, et sur ce film placé cette fois dans le sens normal pour lire normalement les textes, mais placé dans le mauvais sens pour effectuer une correction de cette nature, il ajoute le code manquant en l'écrivant machinalement... à l'envers, comme il vient de le faire quelques minutes auparavant avec les deux autres codes apparaissant dans la planche. Après cette étape, "on" ne vérifie pas (il y a un moment où il faut faire confiance aux gens...) et le film part comme ça à l'imprimerie. Et la planche est parue dans Pilote puis dans l'album avec ce code (de la troisième image) à l'envers parce qu'écrit à l'envers sur le RECTO du film.
Suis-je assez clair...?
Quand Jijé dessine cette planche, il oublie d'inscrire les codes sur le fuselage des avions. Le scénariste JM Charlier, en contrôlant la planche comme il faisait d'habitude, ne s'aperçoit de rien au départ. Ensuite, la planche est "flashée" par le photograveur (= procédé ancien : on la photographie pour en obtenir un film transparent, un positif au format de la page à paraître). A partir de ce film, on va fabriquer un "bleu", càd une épreuve cartonnée sur laquelle on va appliquer les couleurs. Puis les couleurs sont faites ; il n'y a plus qu'à envoyer le tout (le film N&B transparent + le bleu colorié) à l'imprimeur, pour imprimer les pages dans le journal (le magazine hebdomadaire Pilote). A noter que fabriquer ces épreuves indispensables coûte cher et qu'on ne s'amuse jamais à les refaire pour un oui ou pour un non...
Or, au moment du bouclage (dernière étape avant l'envoi à l'imprimeur), on s'aperçoit que les codes manquent (je suppose que le "on", c'est JM Charlier lui-même, qui était co-rédacteur en chef du journal et qui était de toute façon le seul, en tant que scénariste de la BD et connaisseur en la matière, à pouvoir remarquer ce défaut qu'il n'avait pas remarqué sur le dessin original fourni par Jijé). Donc, comme c'est trop tard, "on" demande au maquettiste, habilité à faire ce genre de choses, d'ajouter les codes en les inscrivant lui-même à l'encre sur les films transparents qui allaient partir à l'imprimerie (ça aussi c'était un procédé classique à la bonne époque des films transparents, quand il fallait faire à la dernière minute une correction importante). Or, pour ne pas effacer l'inscription accidentellement, d'un revers de la manche par exemple, il faut inscrire toute mention sur le VERSO du film, donc il faut retourner le film comme une crêpe. Le film étant à l'envers, les dessins reproduits dessus sont donc à l'envers. Mais pour que toute inscription qu'on ajoute sur le film soit lisible A L'ENDROIT une fois publiée dans le journal, il faut donc l'écrire INVERSEE (comme vue dans un miroir ; d'où la difficulté du boulot car il ne faut pas se tromper).
Le gars fait son travail... mais incomplètement, car dans la bagarre, il oublie d'inscrire le code sur le fuselage du Mirage dans la fameuse troisième image de la planche... "On" (= sans doute JMC) vérifie le boulot, et forcément, doit rappeler à l'ordre le maquettiste. Dans l'urgence, le maquettiste reprend donc le film et inscrit le code sur le Mirage de la troisième image.... Or dans la précipitation, le gars oublie cette fois de retourner le film, et sur ce film placé cette fois dans le sens normal pour lire normalement les textes, mais placé dans le mauvais sens pour effectuer une correction de cette nature, il ajoute le code manquant en l'écrivant machinalement... à l'envers, comme il vient de le faire quelques minutes auparavant avec les deux autres codes apparaissant dans la planche. Après cette étape, "on" ne vérifie pas (il y a un moment où il faut faire confiance aux gens...) et le film part comme ça à l'imprimerie. Et la planche est parue dans Pilote puis dans l'album avec ce code (de la troisième image) à l'envers parce qu'écrit à l'envers sur le RECTO du film.
Suis-je assez clair...?
Dernière modification par JYB le vendredi 27 juillet 2007, 0:30, modifié 1 fois.
- juliet-fox
- Messages : 968
- Inscription : dimanche 03 avril 2005, 14:44
CQFDJYB a écrit :Bon, alors, allons-y pour l'explication, mais comme c'est un peu compliqué, prenez des notes...
Suis-je assez clair...?
C'est limpide ! Mais comme pour toute démonstration, il ne fallait pas sauter une étape dans l'exposé sous risque d'être abscons.
Là, JYB nous a tout conté par le menu...
Ce genre de bévues (du dessinateur et du maquettiste) aurait pu donner lieu à un bon gag d'Achille Talon (dans les locaux du Journal Polite, où l'infatué au gros tarin cotoie les deux boss rédacteurs Goscinny et Charlier) ou encore de la Rubrique à Brac...
- Raymond
- Messages : 1794
- Inscription : mardi 08 août 2006, 9:40
- Localisation : Sebourg (59)
- Contact :
Re: les avions de Jijé
Si je peux me permettre d'apporter mon grain de sel, je dirais que autant j'apprécie les scénarios de JM Charlier et les dessins de A Uderzo, je n'ai jamais aimé le dessin de Jijé, le trouvant peu clair, peu précis, et trop caricatural pour les personnages. Un style certain, propre à ce dessinateur, mais que je n'aime pas.Chrys a écrit :Pendant longtemps je ne lisais pas les T&L dessinés par Jijé, les dessins ne m'attirant pas (surtout comparé à la perfection de ceux d'Uderzo).
Mais les scénarios de Charlier sont d'une telle qualité, que je me suis rendu compte que les épisodes restaient cependant excellent.
Du coup je continue la collec', on m'a offert l'intégrale tome 4.
Et quelque chose m'a surpris : je trouve que les zinc sont très bien dessinés, même mieux que du temps d'Uderzo. Est-ce bien Jijé qui les dessinaient ?!
Ceci étant, ce n'est que MON avis, et personne n'est obligé d'être d'accord avec moi !
D'autres que moi apprécient peut être, surement même , sinon ce dessinateur n'aurait pas eu la carrière qui fut la sienne .
Sachez que c'est le dessin de T&L par Uderzo qui est à l'origine de ma passion pour le dessin et la peinture, passion qui me vaut, aujourd'hui, un certain succés auprés de mes amis pilotes et mecanos de l'armée de l'air.
Raymond