Dessins et photos...

Pour échanger sur le thème de la conception d'une BD aéronautique : dessins, scénarios, documentation etc...
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JYB
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Dessins et photos...

Message par JYB »

Je crée ce nouveau sujet pour rebondir sur l'actualité du moment (fin mai 2008) et parler d'un problème qui peut être grave pour les auteurs et éditeurs de BD d'aviation militaire en particulier.
Un dessinateur du nom de Christophe Bec, co-auteur de la série Sanctuaire aux Humanoïdes Associés, est l'objet d'un procès pour reproduction de photos. Il a dessiné (paraît-il, à ce que j'en sais) des sous-marins d'après quatre photos prises par une photographe (dont j'ignore le nom au moment où je rédige ce post), laquelle réclame une somme folle : l'éditeur devrait payer environ 150 000 euros, frais de procédure compris, si la justice donne raison à la photographe. Plusieurs forums en parlent déjà, avec quelque virulence de part et d'autre.
Je n'ai pas vu les photos originales qui ont servi à Christophe Bec, aussi je ne peux pas juger du degré de "copiage", mais cette affaire, si elle tourne mal pour le dessinateur et fait jurisprudence, pose quelques problèmes d'importance. En vrac :
- les dessinateurs d'aviation vont-ils être traînés devant les tribunaux parce qu'ils auront dessiné un avion (ou une voiture ou quoi que ce soit) d'après une photo ?
- est-il normal d'être accusé de plagiat (c'est, je crois, le mot utilisé dans ce litige) parce qu'on s'est servi d'une photo pour faire un dessin qui ressemble à quelque chose de concret et de réel ?
- quelle somme faut-il débourser, ou à défaut quelle est la punition, pour régler un tel litige et satisfaire le demandeur ?
- quelle est la part de l'artiste (dessinateur) dans la re-création d'une image à partir d'une photo due à un autre artiste (photographe) ?
- pourquoi ne pas intenter des procès rétroactivement, en remontant à... l'invention de la photographie par Nadar, pour traîner en justice tous les dessinateurs, peintres... et/ou leurs ayants-droit qui se sont servis un jour d'une photo ?
- et si un dessinateur reproduit un avion sous un certain angle, en le reconstituant grâce à son talent et sa seule imagination, à partir de plusieurs photos prises sous d'autres angles ? (j'ai le cas avec Yvan Fernandez, dessinateur reconnu de la série Tanguy et Laverdure, qui avait autrefois réalisé, avec moi au scénario, quelques petites BD d'aviation ; il m'avait bluffé en dessinant un "Vanguard" sous l'angle qu'il fallait pour la vignette, en refaisant la perspective à partir de plusieurs photos que je lui avais fournies mais qui ne collaient pas tout à fait. Chapeau l'artiste !). Et si un jour un photographe pense que la vue "inventée" par ce dessinateur ressemble trait pour trait à une photo qu'il a faite un jour ? Vu le nombre de photos d'avions qu'on peut trouver dans les revues, les journaux et sur Internet, nul doute que tout dessin trouvera un semblant de modèle quelque part. Et vu la facilité qu'ont certains d'intenter des procès "à l'américaine", on n'est pas sortis de l'auberge...
Etc.
Vos avis...?
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firefox
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Message par firefox »

En effet, vaste sujet que celui des droits à l'image.

Il faudrait peut être commencer par savoir si la photographe a laissé sciemment le "copieur" utiliser les photos, puis s'est ravisée pour demander des droits à l'image, ou, si elle s'est rendu compte après coup, que ses photos avaient été utilisées sans son consentement.

De plus, comme l'a judicieusement remarqué JYB: "quelle est la part de l'artiste (dessinateur) dans la re-création d'une image à partir d'une photo due à un autre artiste (photographe) ? "
J'espère ne pas avoir de problème similaire pour avoir repris un passage du texte de JYB.

Personnellement, je pense qu'on est en train de nous américaniser, avec des procès intentés pour des préjudices mineurs.
150000 euros pour avoir "recopier" des photos de sous-marins, me parait prohibitif. D'après ce qu'a écrit JYB, il n'y avait pas de people prenant un bain de soleil, sur ce sous-marin.

Il faudrait comparer les photos aux dessins, pour voir quel degré de "recopiage" a été utilisé, et quand bien même, comment prouver que ce sont bien les photos de cette photographe qui ont été utilisées, et pas des photos vues dans tel ou tel magasine, ou par un autre moyen.

Pour conclure, si l'affaire est portée en justice, et gain de cause donné à la photographe, j'ai peur de ne plus pouvoir lire ces bandes dessinées qui se rapprochent de la réalité, grâce précisément, à toute la documentation rassemblée et utilisée par les scénaristes et les dessinateurs.

J'espère que cette affaire ne se terminera pas avec une gerbe portant l'inscription: à mes bd préférées.
may the force be with you
JYB
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Message par JYB »

Tous les dessinateurs de BD réalistes, et pas seulement d'aviation, ainsi que leurs éditeurs, peuvent craindre pour leur avenir si la photographe en question obtient gain de cause (à mon avis, elle n'aura pas gain de cause, c'est impensable qu'elle gagne dans un affaire pareille, et si elle gagne, elle aurait droit au maximum à un euro de dommages pour préjudice - et encore, je ne vois pas quel est le préjudice pour elle ???). On voit mal Francis Bergèse dessiner aussi bien un F18 s'il n'a pas une photo sous la main, idem avec tous les types d'avions et d'hélicos utilisés par les héros de dessinateurs qui vont de Mumuth à Romain Hugault en passant par Yvan Fernandez, Eric Loutte et Francis Nicole (j'en oublie bien sûr, et pour ne parler que de BD d'aviation).
Dans l'affaire qui nous préoccupe, je crois que la photographe a publié ses photos (dans un livre ou une revue), et ce sont ces photos que le dessinateur Christophe Bec a recopiées (comme un dessinateur d'aviation aurait sous les yeux un numéro du Fana ou d'Air Fan). Ce sont donc des photos que tout un chacun peut trouver dans une librairie ou un kiosque à journaux. Il me semble deviner que cette photographe avait pu être accréditée par le ministère de la Défense pour faire des photos assez rares ; c'est sans doute comme ça qu'elle les aura reconnues assez facilement (même si elles ont été reproduites sous forme de dessins), et c'est sans doute ce qu'elle considère comme du plagiat car, c'est vrai, ce n'est pas tout le monde qui aurait pu faire ce type de photos, et il est certain que le dessinateur "fautif" a eu la tâche facilitée en recopiant des photos aussi "pointues" (attention : là, c'est moi qui interprète pour essayer de comprendre pourquoi cette photographe s'est réveillée en colère ; je ne prétends pas donner ici la vraie version de l'affaire, que je ne connais d'ailleurs pas en détail).
Mon avis là-dessus :
1) il y aurait plagiat et motif à procès si n'importe quel support avait publié les photos (je dis bien les photos elles-mêmes, pas des reproductions en dessins) sans autorisation ou sans contrat, et/ou en omettant le nom de l'auteur.
2) quand un photographe constate qu'on a publié sans autorisation une ou plusieurs de ses photos, en général, il ne va pas jusqu'au procès : il menace d'un procès, mais l'éditeur indélicat et lui s'arrangent en général à l'amiable ; ensuite, l'éditeur fautif règle les droits afférants, plus éventuellement une petite prime pour arrondir les angles ; on s'échange quelques courriers polis mais bien sentis pour faire comprendre qu'il ne faut pas recommencer, et c'est bon. Je dirais même qu'un arrangement comme ça est relativement courant. Mais aller jusqu'au procès et réclamer 80 000 euros (ça monte à 150 000, dit l'éditeur des Humanos, en comptant les frais de justice), c'est un peu fort de café, d'autant qu'il n'y a pas véritablement plagiat, puisqu'on parle là de dessins d'après photos.
A noter qu'il y a même eu deux procès ; le premier a été perdu par les Humanos qui ont fait appel, le deuxième procès est mi-chèvre, mi-chou, et il y a encore appel et un troisième procès en attente... Quel acharnement... Du jamais vu !
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Deltafan
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Message par Deltafan »

150 000 euros :shock:

C'est inhumain ce qu'on fait là aux Humanos :?
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pierre
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Message par pierre »

Une alternative judicieuse, de mon point de vue, serait de citer les photographes en fin de livre.
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Jaj'Air one
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Message par Jaj'Air one »

Je me permet tout de même de rappeler, en tant qu'illustrateur, et donc confronté à ce type de souci potentiel, que reproduire une photo n'est pas autorisé, sauf accords contraires de l'auteur de la photo...C'est la LOI!!
Il faut donc prendre ses responsabilités lorsqu'on se permet d'utiliser du matériel photographique à son propre compte, sans en prévenir personne.
Ceci dit, tout dépend du degré de reco-pillage, naturellement, et des conditions dans lesquelles cette affaire s'est déroulée..Je suis sûr que les juges sauront faire la part des choses, car ce type d'affaire n'est guère nouveau!(cf de nombreux procès pour plagiat dans la pub: il existe des critères assez précis qui permettent de juger s'il s'agit de recopiage ou non) Ce qui est plus nouveau, c'est de demander une telle somme en domages et intérets , ce qui relève de la bétise humaine ,mais c'est un signe des temps..hélas...
Wait and see...
JYB
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Message par JYB »

pierre a écrit :Une alternative judicieuse, de mon point de vue, serait de citer les photographes en fin de livre.
Ce que tu dis est logique, et c'est ce que certains auteurs font déjà.
Quant à Jaj'Air One, il a raison aussi : en l'occurrence, la mention du copyright en début de tout livre impose qu'on ne publie pas, sous quelque forme que ce soit, une photo sans autorisation. Avec toutefois des subtilités dont je vais dresser une liste non exhaustive...
D'abord, il y a tellement de photos ayant servi de modèles à tout un tas de dessins dans un seul album de BD dite réaliste (il suffit de compter le nombre de cases et le nombre de sujets dans chaque case, c'est assez affolant) que dresser la liste de tous les photographes et détenteurs de drois remplirait une page complète. Cela ressemblerait à un très long inventaire à la Prévert, incluant des noms de photographes, mais aussi des noms d'éditeurs dont les livres illustrés ont servi ; en outre, il y aurait une injustice à citer tout le monde, alors que certains photographes n'auraient fourni qu'une photo anodine, à côté de photographes qui auraient fourni une quantité de photos très importantes pour l'illustration ; est-ce logique de mettre tout le monde sur le même pied d'égalité dans ce cas ? Pour éviter cette litanie, il faudrait seulement citer les photographes dont les photos ont été directement utiles et qui ont été directement reproduites en dessin (car c'est peut-être là le noeud du problème) ; ça veut dire qu'il faut contacter chaque photographe ou ses ayants-droit et demander son ou leur autorisation ; ça veut dire aussi qu'il faudrait peut-être payer des sommes énormes à chacun pour être autorisé à reproduire ses photos ; c'est la porte ouverte à tous les abus (cf le procès en cours). Faire une telle recherche et contacter tout le monde, c'est (je le sais pour le faire dans le cadre de mes livres documentaires) un travail de Titan, avec l'obligation parfois de se livrer à une véritable enquête de détective pour savoir qui est l'auteur réel de telle ou telle photo aperçue dans tel ouvrage ancien, dans telle revue étrangère, etc. Aucun éditeur, aucun auteur, ne l'acceptera, n'en aura le temps ; c'est déjà suffisamment complexe et long de préparer une BD...
Je te signale que dans mon dernier album Missions "Kimono" (Pour Sadia), je n'ai pas mis de liste de remerciements. Pourquoi ? Parce que je suis méchant et que je ne veux remercier personne ? Tout bêtement parce que cette liste, dans de précédents albums, était longue, et parce que je me suis aperçu que, tous comptes faits, la liste est tellement complexe à dresser que j'oubliais à chaque fois des noms ! Tu vas me dire : "Pourtant, c'est pas compliqué ?". Eh bien si, ne cherche pas à comprendre pourquoi, mais c'est fastidieux et à chaque fois incomplet !
En outre, les dessinateurs n'aiment pas reconnaître qu'ils ont copié une photo, et de toute façon disent qu'ils n'ont pas copié bêtement, mais qu'ils s'en sont inspirés. Nuance. En effet, en général, un dessinateur qui se sert d'une photo adapte l'image à sa BD, transforme ceci et cela, modifie l'angle de vue, ajoute de l'ombre ici, un élément de décor là, de sorte que - en général, je répète - on ne retrouve pas tout à fait la photo du départ. D'autant qu'un dessinateur qui a fait un bon travail préparatoire a récolté sur le même sujet tout un tas de photos de toutes origines, pour s'en imprégner, pour voir comment "trafiquer" l'image qu'il a en tête, à partir de multiples éléments, etc. Ce qui fait qu'on peut considérer qu'il y a une véritable oeuvre artistique de la part du dessinateur à construire des images inédites, avec sa "patte", sans que telle photo précise ait été fidèlement reproduite. Alors, recopié ? Pas recopié ? Fidèlement, pas fidèlement ?
Par ailleurs, je le sais par expérience personnelle, on trouve souvent tout un tas de photos d'un même sujet, venant de diverses origines : certaines photos sont mises à la disposition du public et libres de droits, d'autres ont un "copyright" et parmi ces photos à copyright, les propriétaires réclament des sommes variables selon leur notoriété ou selon d'autres critères. Pour le même sujet je répète. Pourquoi faudrait-il payer des droits (énormes dans le cas du procès qui nous occupe) à tel photographe, alors qu'à côté de ça, les mêmes vues ou à peu près, prises par un ou d'autres photographes, sont "gratuites" ? Cela n'empêche pas qu'on mette le nom des photographes concernés, mais imagine un truc qui peut arriver : un photographe fait cadeau de ses droits et donne un accord oral (c'est "de copain à copain") pour reproduire une photo en dessin dans une BD. Son nom figure dans l'album. Mais ce photographe change d'avis après coup et réclame des droits ; ou bien il décède et sa veuve ou ses enfants en réclament à leur tour... Que faire ? Tout cela, il faut se le rappeler, pour des dessins qui s'inspirent plus ou moins fidèlement, mais ne sont pas des reproductions à l'identique, ni même de vraies reproductions (des photos, quoi).
Il faut tenir compte de la façon dont un dessin a été fait d'après photo : décalqué pile poil, ou reproduit "à main levée" avec les distorsions inhérentes à un tel travail, selon le style et la manière du dessinateur ? Tu vois le juge prendre son double-décimètre, ou mieux son pied à coulisse, pour savoir s'il y a véritable reproduction ou non ?
Il faut tenir compte aussi du talent du dessinateur : un mauvais dessinateur reproduira mal une photo, un excellent dessinateur rendra parfaitement le métal de telle coque, la pierre de telle architecture, etc. ; du coup, la photo de départ était-elle si utile ?
Une mauvaise photo peut aussi faire un bon dessin. Le (mauvais) photographe osera-t-il réclamer des sous pour ça ? Sera-ce valorisant pour le photographe de mettre son nom ?
Etc... Je ne vais pas dresser la liste de tout ce qui peut aller contre ce que tu proposes, on n'en finirait pas. C'est une affaire très complexe (la preuve, c'est que le premier jugement dans le procès dont je parlais a donné raison à la photographe, le jugement après appel a été différent mais pas catégorique dans un sens ou dans l'autre, et on attend le résultat du troisième pour voir ce que les juges vont dire...) ; tout est fonction d'éléments variables et parfois ténus ; les appréciations subjectives des uns et des autres entrent en ligne de compte. En résumé : une photo a-t-elle été copiée "telle quelle" (et si oui, jusqu'à quel point est-ce répréhensible et légalement punissable ?), a-t-elle servi de point de départ, jusqu'à quel point a-t-elle a inspiré tel artiste...? Faut-il, selon les cas, noter le nom du photographe ou des photographes ? Un vrai casse-tête...
Dernière modification par JYB le lundi 02 juin 2008, 11:35, modifié 1 fois.
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Jaj'Air one
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Message par Jaj'Air one »

Pour qu'un dessin reproduisant une photo soit considéré comme un plagiat de cette dernière ou non, celà dépend de critères "relativement" précis,dont les juges tiennent compte, les dessinateurs s'en sortant la plupart du temps en modifiant un certain nombre de détails (en forme, couleur, volume, dimentions, etc..), juste ce qu'il faut pour devenir un dessin "original"...Il existe bien sur des alternatives: faire sois-même lesdites photos, ou...apprendre à dessiner! (je ne plaisante pas!).
Dans l'affaire qui nous intéresse, j'imagine qu'il doit exister un nombre bien limité de documents photographiques sur ce sous-marin..Peut-être eut-il été plus judicieux de le dessiner sous un angle différent, par exemple,ou de masquer certains éléments..? mais, c'est facile à dire, et je me doute bien que la rareté de la documentation a pu influer sur le choix du dessinateur et limiter ses possibilités graphiques..
Au demeurant, j'imagine qu'un dessinateur trouvant tel ou tel de ses dessins reproduit sans son autorisation tenterait une démarche en justice similaire s'il ne parvenait pas à s'entendre avec le plagieur..
L'affaire n'est pas simple, mais là, je suis entièrement d'accord avec JYB: c'est un peu fort de café!
JYB
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Message par JYB »

Je possède justement les 3 albums de Sanctuaire objets du litige, mais je les ai prêtés à un copain ; quand j'aurai remis la main dessus, je reverrai les dessins et retrouverai peut-être ceux qui ont été pompés sur des photos (mais n'ayant pas vu les photos....).
Le fait est que, ce type de photos étant difficile à faire, c'est ce sur quoi a dû se baser la photographe pour trouver qu'il y a plagiat et pour intenter un procès...
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Jaj'Air one
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Message par Jaj'Air one »

oui, tu as certainement raison, et c'est d'autant plus "vache" pour le dessinateur...Mais tout celà est à placer dans un contexte que je ne connais pas, donc il est difficile de prendre parti objectivement..
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Baptiste
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Message par Baptiste »

Je suis assez abasourdi de lire cette affaire... :shock:

Je pense qu'il faut distinguer au moins trois cas: la reproduction, la citation (graphique) et l'usage de photos comme documentation. Comme je n'ai pas de détails sur l'affaire, il est difficile d'en dire plus, d'autant que le style graphique de Christophe Bec peut s'allier des trois cas.

1. La reproduction: il existe une photo, je la scanne et je l'insère dans mon album sans mention et sans accord de l'auteur. Ce cas me semble être le seul relevant du plagiat clair et franc, mais ce cas me semble aussi être potentiellement le plus rare, dans certains types de projets artistiques bien particuliers. En effet, on crée ainsi une rupture de style net.

2. La citation graphique: Bec a construit une trilogie ("Zéro absolu") en partie sur ce principe: reproduction explicite d'images (dans son cas, des extraits de films, des BD anciennes, des affiches...) qui sont intégrées aux images en tant qu'allusions ou citations plus ou moins clairement identifiées en tant que telles. Les deux problèmes potentiels sont l'accord des auteurs ainsi reproduits, et la citation des sources. La difficulté avec l'image et dans une BD est qu'une citation claire et nette n'est pas aussi facile que dans un travail universitaire: le genre ne s'y prête guère et cela alourdirait considérablement la lecture! Cela dit, je serais partisan d'avoir une page (en fin d'album p.ex) reprenant les crédits des auteurs ainsi cités. Peut-être est-ce d'ailleurs fait...?

3. Le cas de la documentation, qui est le principal cité par JYB, est sans doute le plus répandu, mais aussi le plus compliqué: je dois dessiner l'avion (la voiture, le château, le personnage...) X sous tel angle et je pars d'une photo pour y arriver du mieux possible. Personnellement, je ne considère pas qu'on entre dans la catégorie de plagiat ou d'atteinte à l'?uvre d'autrui, mais ce n'est pas évident. Il est clair qu'on pourrait répondre que le dessinateur n'a qu'à se documenter lui-même (comme JC Servais ou Comès qui, en gros, ne dessinent "que" ?sans que ce soit ici une critique!? ce qu'ils peuvent voir dans leur village), mais dans un certain nombre de cas c'est tout bonnement impossible: dessiner un avion évoluant en vol, un lieu ou un engin inaccessible, voire quelque chose n'existant plus (pensons aux BD historiques). De manière générale, tous les dessinateurs s'inspirent de photos, de reportages, de séquences TV ou que sais-je pour faire leur travail, comme Speilberg s'est inspiré de sphotos de Robert Cappa pour ses cadrages bas et flous du début de "Saving Private Ryan", comme les peintres et sculpteurs de de la Renaissance se sont inspirés (ou ont carrément copié!) l'art antique, etc., etc. (etq ue dire de la pub, grande amatrice de clins d'?il et allusions?) Il me semble que, même dans une inspiration très proches d'une photo, on puisse considérer qu'il y a une réinterprétation de l'ouvre originale. En outre, le dessinateur ne s'empare pas d'une ?uvre qu'il recopie et qu'il vend à son compte (une seule image, ou la reproduction d'un ensemble d'images), mais il l'intègre à un album de plusieurs dizaines de pages qui sont une réinterprétation totale et totalement personnelle du sujet.

À cela, il convient d'ajouter les cas particuliers que sont les clins d'?il, les hommages (ne mettez pas une houpette à vos personnages en hommage à Tintin, vous risquez peut-être un procès de Moulinsart SA!)...

Bref, il me semble que pour vraiment apprécier l'affaire, et savoir si ce procès met clairement en cause la possibilité de sdessinateurs à travailler convenablement sur base de documentation, il convient de savoir si les case sincriminées de Christophe Bec relèvent des cas 1 ou 2 (où je comprends qu'on puisse discuter) du cas n°3 qui me semble clairement un procès abusif!

Ce monde devient fou, il me semble...
Baptiste,vieux nouveau
JYB
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Message par JYB »

A ce que je sais, c'est clairement le 3e cas...
Personnellement, je verrais éventuellement un plagiat si le dessinateur avait non seulement reproduit "tel que" le sujet à représenter, mais aussi le cadrage, ce qu'il y a autour, les mêmes éléments de décor, les ombres, etc., choisis par le photographe quand il a préparé sa prise de photo et au moment il a appuyé sur le bouton de son appareil photo. Mais le sujet lui-même, dessiné avec la plume ou le Rotring d'un dessinateur mais placé dans un contexte X, doit-il être considéré comme "plagié" ?
Par ailleurs, quid du créateur de l'objet photographié puis dessiné ? Dans le cas d'un avion, Dassault n'a-t-il pas dans ces conditions son mot à dire si on photographie puis si on dessine son Mirage ou son Rafale ? Si Dassault n'avait pas été là, l'avion n'aurait pas existé, n'aurait pas cette forme (imaginée à l'origine par les dessinateurs industriels de la société), n'aurait pas été acheté par le Gouvernement pour le mettre en escadrille ou en flottille, etc. Quid aussi du ministère de la Défense dans le cas d'un avion militaire ou d'un sous-marin, puisque le ou la photographe n'a pu faire ses photos qu'avec l'accord des autorités...? Sans autorisation, pas de photos ! C'est pourquoi c'est présomptueux de la part du ou de la photographe de demander tant de fric en échange (et en punition) de la reproduction d'un tel sujet (un sous-marin dans l'affaire qui nous intéresse).
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Victor
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Message par Victor »

je ferais pas de long discours car je n'en serais pas capable mais je suis équeuré !
Oui, d'accord ! Les photos appartiennent à leur auteur, je suis OK pour ça mais tant d'acharnement .. ça sent quand même à plein nez l'opportunité de se faire du fric.
En tant qu'amateur du magazine RAIDS j'ai reconnu dans de nombreux dessins de BEC (dans BUNKER plus précisément) de nombreuses inspirations voir du copier coller de certaines photos ... tout bonnement parceque je m'en suis moi même servit pour mes dessins.

En tant qu'illustrateur et maintenant infographiste, je voudrais dire que l'on ne peut pas TOUT inventer. Les critiques nous reprochent bien souvent de ne pas être attaché à la réalité. Faut pas se leurrer, les lecteurs veulent du REALISTE !! Il lisent ce genre d'aventures pour retrouver une certaine réalité. Les inspirations de photos sont donc essentielles. OUI il ne faut pas recopier mais il faut savoir aussi être honnête de la part des auteurs.

Je n'apprécis pas ce genre de personne qui pourrait se faire de l'argent sur le dos de n'importe qui. Ca m'équeure. Voilà c'est tout !
Victor
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Jaj'Air one
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Message par Jaj'Air one »

Tu as parfaitement raison Victor, mais , une fois de plus, il faudrait connaître les circonstances exactes de cette histoire pour en juger de façon raisonnée ...
Cependant, on ne peut qu'être inquiet si c'est une triste histoire de gros sous..
JYB
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Message par JYB »

Une des points à considérer quand même, c'est que certaines photos indispensables et rares, il a bien fallu qu'un photographe les ait prises... Donc, qu'elles sont utiles aux dessinateurs qui les prennent pour modèles. Il faut voir les circonstances, et aussi le point de vue du photographe. A partir de là... discussions de marchands de tapis...?
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